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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 17:37

Et bien voilà, c'est définitivement terminé McDo.

Ma démission était posée le 1er juillet, j'ai fais correctement mon préavis même si le boulot commençait vraiment à m'insupporter, et hier je suis allée rendre mon uniforme et le reçu de solde de tout compte.

Au final je ne regrette pas ce poste ; en fait, je l'assume totalement. Si il fallait choisir , au détour d'un capricieux voyage temporel, je le referai sans hésiter. D'une certaine façon, c'était le boulot fatiguant physiquement et mentalement qu'il me fallait pour m'éviter de trop cogiter sombre et de rester devant mon ordinateur à ne rien faire.

Un travail difficile, ingrat, conspué, mais qui finalement remet pas mal les pendules à l'heure: on se forge face aux exigences ineptes d'un patronnat indifférent, on pleure la désacralisation journalière de la nourriture pour en produire un objet de boulimie, une drogue dévorante, un risible saint-graal à la sauce barbecue, extirpé d'un gaspillage monstrueux.

Mais l'aspect humain est sans doute le plus atroce et le plus admirable, les deux facettes de la pièce y sont présentes: clients indescriptiblement odieux et imbus de leur argent, se gargarisant de cet esclavage moderne au milieu des fourneaux, et, face à eux, des jeunes, des vieux, des grands, des petits, des maigres, des gros, des étudiants, des mères célibataires, des managers, toute une armée d'anonymes à qui on a retiré le statut d'être humain dès la signature, et qui s'avilissent quotidiennement avec la volonté muette du travailleur qui creuse la terre de ses doigts pour gagner son pain.

Ces gens là on fait ma joie et ma fierté pendant quasiment deux ans, tant de parcours, d'histoires et de personnalités différentes, réunies autour d'une table de bois délavé, fatigués, les os rompus par le labeur, mais heureux de se retrouver quelques instants, tous ensemble, pour causer de choses et d'autres, comme les petits vieux autour d'un cheminée qui crépite. Entre nous, la rivalité et les querelles inutiles n'ont pas leur place, c'est une entente saine ponctuée de potins sans gravité, le lien des camarades qui comptent les jours entre le frigo vide et la prochaine paie.

Voilà à mon sens la chose la plus précieuse que j'ai pu retiré de cette pénible expérience, de cette fable absurde et sublime: se débarrasser des conventions sociales étriquées, des préjugés minables et faussement vertueux, et des oripeaux d'une bête consommatrice et indifférente, pour apprendre à aimer de nouveau son prochain, pour le simple plaisir de l'aimer, de l'écouter, de rire, une journée, un instant, une seconde. Aucun titre, aucune fortune, aucun diplôme ne valent le bonheur simple d'une discussion digestive sous les derniers rayons d'un soleil d'été fuyant.
 

Au final, j'ai perdu du temps, beaucoup de sueurs et quelques kilos, et j'ai aussi gagné un peu d'humanité.
 

 

Mais rien n'est immuable et je n'ai plus l'âge ni la volonté pour continuer ces petites aventures humaines qui enrichissent la jeunesse et la Raison. Je m'éclipse donc discrètement, comme un hérisson se glisse en dehors du jardin où il a élu un temps son domicile, quand la nuit tombe.

On m'appelle ailleurs, alors, sans regrets et sans esbrouffes, je continue mon mon chemin...





 

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